Carmen est venue avec sa fille, son mari et sa tante voir la maison où elle a grandi. C’est ici qu’elle passait ses vacances.
Elle dormait dans la chambre à côté - ne cherche pas à l’ouvrir - jette un oeil. Son grand-père dormait là-bas. Maintenant on ne peut plus accéder à la pièce, le balcon qui y menait est effondré.
Elle sourit. Ils ne sont plus d’ici. Ils sont repassés par là, sur la route ils ont vu indiqué «Saumede» - Comment Saumede ? Saumede existe encore ?
Elle sait combien la maison, pourtant une des plus récentes du village, tient peu. Je saute pour tester le plancher, elle m’arrête - tout peut s’écrouler.
Elle prend une photo. J’essaie de me cacher en passant derrière la porte. Trop tard, je suis dans le cadre. Elle me dit que ça n’a pas d’importance - c’est pour mon père, pour qu’il voit comment c’est maintenant. - Je la regarde s’éloigner. Quelque chose me gêne. Peut-être parce que je n’ai pas pu contrôler l’image du lieu qu’a faite Carmen. Est-ce que j’aurais voulu une image plus cristallisée de la pièce que j’occupais à ce moment là, plutôt que celle du chantier rempli de sacs plastiques et de cartons qu’elle a trouvé ? Je rattrape Carmen. Je lui dis que j'ai de belles photographies de la maison. - Je peux te les envoyer par mail ? D'accord.
La chambre de Carmen.
Parce que je n’ai pas connu Saumede, je le voudrais romantique, beau, emprunt de son passé. Les habitants qui ont abandonné le village n'ont pas ce sentiment.
La tante, qui est née dans cette maison, n'entre pas. Elle rit, elle parle fort, puis s'en retourne sur le pas de la porte sans l'avoir franchi.
Quelles sont les « belles » photographies à destination de Carmen ? Il faudrait préciser avec des notes et expliquer à quoi chaque morceau ou détail de l’image se rapporte ; montrer comment les ombres, le flou, la végétation ou la perspective des images constituent une sorte de beauté secrète, mais surtout une beauté vivante.
L'armoire de la chambre.